Depuis près de 20 ans, les membres et les instances de l’ICOMOS se préoccupent à divers degrés, de la sauvegarde, de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine plus récent qui témoigne des évolutions intellectuelles, sociales, technologiques ou artistiques. Par exemple, en 1989, ICOMOS Information publiait des rapports sur les travaux de conservation du Bauhaus à Dessau. Plusieurs comités nationaux se sont penchés sur cette question. Pensons aux colloques organisés par le Comité allemand à Berlin (1993) sur l’Iconoclasme dans l’Europe post-communiste, en particulier le sort réservé à la statuaire politique, ou sur le patrimoine moderne. Pensons aussi aux entretiens de la section française de l’ICOMOS sur la conservation du béton. Plus récemment, en février 2001, le Comité finlandais tenait un colloque sur les problèmes de conservation d’édifices modernes construits dans des contextes plus anciens. Le colloque annuel d’ICOMOS Australie, à Adélaïde, fin novembre, traita avec intelligence du patrimoine du XXe siècle.

Par ailleurs, dans le contexte particulier de la Convention du patrimoine mondial, l’ICOMOS a organisé deux rencontres d’experts - en 1995 à Helsinki et en 1996 à Mexico - dans le but de faire le point sur les enjeux particuliers de ce type de patrimoine. Ces rencontres étaient organisées par Jean-Louis Luxen, Secrétaire général, qui a déjà rappelé dans ces pages l’intérêt de la démarche actuelle sur l’ensemble du patrimoine du XXe siècle. Elles ont permis d’établir des liens avec d’autres organisations : DOCOMOMO, l’ICCROM, le Conseil de l’Europe, les autorités finlandaises et mexicaines, les services nationaux des Parcs aux États-Unis et au Canada, les réseaux universitaires, etc…

La question est donc présente depuis longtemps. Toutefois, en 1999, à Mexico, l’assemblée générale a été saisie de plusieurs résolutions touchant la conservation du patrimoine dit ‘moderne’ en Europe de l’Est et en Israël. En 2000, le rapport Heritage@Risk a souligné la grande préoccupation pour divers types de patrimoines associés aux XIXe et XXe siècles - architecture résidentielle ou urbaine, ensembles industriels, aménagements paysagers, nouvelles typologies comme les stades, les aéroports, les grands parcs urbains, les aqueducs et autres services publics, etc… L’ICOMOS et le Centre du patrimoine mondial de l’Unesco travaillent à organiser une série de rencontres scientifiques sur la question en 2001 et 2002 pour encourager une plus grande présence du patrimoine du XXe siècle sur la liste du patrimoine mondial. De plus, l’ICOMOS collabore ou entretient des liens avec d’autres organismes, dont TICCIH (patrimoine industriel) avec qui nous avons signé un protocole de coopération, et DOCOMOMO (patrimoine du Mouvement moderne). En juillet 2001, l’ICOMOS a également participé à l’assemblée de fondation du réseau mAAN (Modern Asian Architecture Network) à Macao.

Afin d’établir une position de l’ICOMOS sur le patrimoine dit « récent », principalement celui des 100-150 dernières années, le comité exécutif a demandé la tenue d’une réflexion sur la place de cette problématique dans l’ICOMOS et la contribution possible des comités internationaux et nationaux. Une rencontre de travail a eu lieu à Montréal, Québec (Canada) à la fin septembre avec l’appui du ministère de la Culture du Québec. Sous la présidence de Sherban Cantacuzino (UK) et Dinu Bumbaru (Canada) et bénéficiant de la participation de collègues d’Afrique du Sud, d’Argentine, d’Australie, de Belgique, des États-Unis et de Finlande cette rencontre a permis d’élaborer un plan d’action et un programme scientifique et coopératif international pour l’ICOMOS qui a été approuvé par les comités consultatif et exécutif réunis à Dubrovnik en octobre 2001.

On se rend bien compte que la question du patrimoine du XXe siècle, et de ses précurseurs au XIXe, ne se limite pas à la reconnaissance de quelques grands monuments de l’architecture moderne, tout aussi importante que soit cette action. Dans ce contexte, le plan d’action se décrit en grandes lignes, comme suit :

  • Comprendre la pleine diversité du patrimoine du XXe siècle et des problématiques de reconnaissance et de conservation. À cette fin, une enquête est en cours avec l’aide d’US/ICOMOS qui a accepté d’en assumer la coordination. Elle devrait être terminée en avril et publiée sous la forme d’un journal scientifique. Les résultats de cette enquête permettront à l’ICOMOS de voir les besoins en termes de développement, de comités scientifiques et de partenariats avec d’autres organisations.

  • Promouvoir la conservation du patrimoine du XXe siècle en consacrant la Journée internationale des monuments et des sites - le 18 avril 2002 - au thème du patrimoine du XXe siècle sous toutes ses formes. ICOMOS Finlande prépare une affiche qui sera transmise à tous les Comités qui l’utiliseront dans leurs activités.

  • Mettre l’accent, dans le rapport Heritage at Risk 2002, sur la problématique particulière du patrimoine du XXe siècle, en invitant des organismes partenaires comme TICCIH et DOCOMOMO à y contribuer.

  • Collaborer avec l’Unesco et d’autres partenaires pour développer des ateliers ou rencontres sur le thème.

Septembre 2001

Dinu Bumbaru
Membre du comité exécutif (1993-2002)




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