À la mémoire de Khaled al Asaad, un an après…
Le 18 août 2015, Khaled al Asaad, un archéologue syrien, était odieusement assassiné par les hommes de Daesh à Palmyre. L’ICOMOS tient à rappeler la valeur de son sacrifice.
Khaled al Asaad n’avait pas voulu quitter Palmyre. L’acte de condamnation de Daesh lui reprochait pêle-mêle, d’être le « chef des idoles » ou sa participation aux à des colloques à l’étranger. Pour certains observateurs, il était en fait puni pour ne pas avoir révélé la cachette d’un mythique trésor d’or ou plus simplement pour terroriser la population de Palmyre, une semaine avant de commencer à faire sauter ses joyaux archéologiques.
Ses tortures et son exécution barbare ne peuvent que confirmer la cruauté stupide et impardonnable d’une secte dévoyée qui a besoin de s’en prendre à un savant de 82 ans pour affirmer son pouvoir et sa légitimité.
Daesh s’est voulu un maître dans le maniement des symboles et pourtant il lui a probablement échappé que Khaled al Asaad, un édile parmi les siens, allait symboliser la résistance d’une communauté locale à la destruction de son patrimoine et qu’il allait devenir dans le monde entier le palmyrénien le plus célèbre après la reine Zénobie et son mari Odeinat.
Une nouvelle catégorie de savants enracinés dans les pays pays en voie de développement est apparue. Ceux-ci restent sur place quand les conflits du 21e siècle chassent leurs confrères étrangers. Au milieu des pires catastrophes, nous voyons presque partout désormais émerger des femmes et des hommes attachés à la défense de leur patrimoine au péril de leur propre vie. Ce sont les « Monuments Women and Men » de notre temps et Khaled al Asaad en est bien l’illustration.
L'ICOMOS a rendu hommage à Khaled al Asaad par une minute de silence lors de sa dernière assemblée générale à Fukuoka et par la dédicace des actes de l’assemblée générale de Florence. Des comités nationaux et scientifiques ont également joint leurs hommages. Les drapeaux des musées italiens ont été mis en berne. Son nom figure en bonne place dans « le jardins des justes » qui vient d’être inauguré à Tunis.
Malgré l’interminable poursuite de la tragédie syrienne, l’ICOMOS en tant qu’organisation professionnelle internationale, préfère relever des raisons d’espérer, comme l’accroissement notable de ses membres syriens, la mobilisation des professionnels du patrimoine en Syrie et à l’étranger, la transmission de nouvelles compétences en matière de préparation aux risques ou de relevés 3D vers les institutions locales et surtout l’immense volonté d’apprendre et de participer des nouvelles générations d’étudiants en architecture et en archéologie des universités de Damas et ailleurs.
Télécharger la brochure établie à la mémoire de Khaled al Asaad par la Direction générale des antiquités et des musées de Syrie (en anglais et français).