ICOMOS à la COP15 / Sommet Nature & Culture
Représenté par Christophe RIVET, Président d'ICOMOS Canada, ICOMOS a participé le 11 décembre 2022 au panel de haut niveau du Sommet Nature & Culture de la COP15.
Le panel a souligné les liens entre la nature et la culture pour le cadre mondial de la biodiversité post-2020.
Lisez l'intervention au complet de Christopeh RIVET ci-dessous:
Mme Meriem Bouamrane, Chef de Section, MAB Recherche et Politique/Ecologie et Biodiversité, UNESCO:
Comment pouvons-nous maintenir notre mode de vie tout en préservant la nature et la culture ?
Dr. Christophe Rivet, Président, ICOMOS Canada:
Je tiens avant tout à remercier l'aîné Patton de nous accueillir sur le territoire traditionnel mohawk. Il est important de nous rappeler à chaque occasion que nous sommes accueillis par quelqu'un. Cela nous donne la perspective de regarder les défis auxquels nous sommes confrontés avec l'espoir que nous pouvons travailler ensemble. En ce qui concerne l'ICOMOS, la question que vous avez soulevée est au cœur de notre travail depuis quelques années maintenant. Nous avons eu l'occasion de travailler avec l'UICN, que je tiens à remercier pour nous avoir permis d'être ici aujourd'hui. En ce qui concerne les questions qui soulignent le lien entre la culture et la nature, nous avons eu un certain nombre d'initiatives visant à examiner comment de nouvelles désignations, de nouvelles façons de gérer l'espace et les lieux qui ont une importance patrimoniale - comment ceux-ci pourraient être mieux définis. Nous avons participé aux travaux du GIEC il y a quelques mois encore, en soulignant l'importance de mesurer les impacts du changement climatique sur les humains et leur culture. Nous avons mis en place un groupe de travail international sur le patrimoine autochtone parce que nous comprenons que cette relation particulière - comme le Professeur Suzuki [Dr. David Suzuki, scientifique et co-fondateur de la Fondation David Suzuki] vient de le souligner - c'est-à-dire le savoir qui se trouve dans les mains, dans le cœur, dans l'esprit et dans l'âme des populations autochtones du monde entier est incroyablement précieux pour l'humanité dans son ensemble. Nous avons également été impliqués dans des questions de patrimoine climatique avec diverses agences des Nations unies. Mon collègue M. Mejira [président de l'Instance permanente des Nations unies sur les questions autochtones] a souligné la question des droits et l'importance de reconnaître qu'en matière de protection du patrimoine - culturel et naturel - il s'agit fondamentalement d'une question de droits. Enfin, nous avons mis en place un programme de récompenses qui souligne la relation entre la nature et la culture, nous avons attribué des fonds et des subventions à des organisations au Guatemala, [au Burkina Faso] pour qu'elles prennent des mesures visant à protéger le patrimoine culturel et naturel.
Lorsqu'il s'agit de diversité culturelle et de biodiversité, elles sont indissociables, elles ne peuvent être dissociées et [nous, Occidentaux] (je m'inclus dans cette définition) avons peut-être oublié cette relation. Elle existait pourtant. Nous avons la preuve à travers l'archéologie, l'histoire, que la relation entre le rapport des individus à leur environnement et l'expression culturelle était fondamentale. Elle a été une source d'inspiration pour l'Art, pour le langage - elle a façonné le langage -, elle a été une source d'inspiration pour les interactions sociales et, fondamentalement, nous parlons ici de nombreux cas de parenté entre les animaux et les peuples.
Je tiens donc à mettre l'accent sur le fait que la majorité de la population de la planète vit aujourd'hui dans des villes - et le professeur Suzuki a souligné ce fait très important. Il existe donc un risque élevé de déconnexion entre ce qui arrive à l'environnement et ce qui est essentiel pour la survie - non seulement de la Terre mais aussi de nous-mêmes en tant qu'espèce. C'est là que la conservation du patrimoine culturel devient un partenaire vraiment important. Nous sommes un partenaire récent. C'est une nouvelle relation que nous sommes en train de forger avec les groupes environnementaux. C'est une relation dans laquelle nous voyons que la frontière entre la nature et la culture s'estompe. Et il grand temps: elle doit aussi le rester. [La conservation du patrimoine] offre des solutions : [nous] préconisons depuis des décennies de promouvoir l'entretien des bâtiments et sites existants, ce qui permet de réduire la destruction de l'habitat, alors qu'il y a quelques semaines à peine, un certain nombre de gouvernements au Canada ont décidé de compromettre les espaces verts, les zones protégées, afin de favoriser la construction de nouveaux logements. Ce n'est pas une stratégie durable. En tant qu'acteurs de la conservation du patrimoine, nous pouvons offrir des outils pour répondre à la nécessité de ne pas détruire les habitats. Nous avons également préconisé l'utilisation de moins de matériaux et de moins de ressources. Pourquoi ? Parce que nous insistons à nouveau sur l'utilisation de ce qui existe et sur l'adaptation. C'est particulièrement important dans un monde où nous mesurons les émissions de carbone.
Enfin, [je voudrais mettre en lumière] le fait que la population mondiale est urbanisée - nous devons nous concentrer sur cette réalité pour nous attaquer réellement à l'impact. Il s'agit de consommation. Il s'agit de besoins comme le logement. Il s'agit de besoins comme les espaces verts. Il s'agit de besoins comme la nourriture. Nous ne pouvons pas relever ce défi sans comprendre que nous devons établir ces relations entre les humains et l'environnement. Et le secteur du patrimoine, culturel et naturel, se situe aujourd'hui à un tournant où nous devons absolument travailler ensemble. Il s'agit d'une expérience vraiment rare où nous pouvons réunir différentes formes de connaissances, traditionnelles, autochtones, scientifiques, du secteur culturel [et] naturel. C'est ainsi - pour répondre à votre question, Mme Bouamrane - que je pense que ces partenariats et ces différents ensembles d'outils nous permettent de relever ces défis très difficiles.
Voir aussi
Regarder le panel entier sur YouTube
Groupe de Travail sur le Patrimoine Autochtone
Groupe de Travail sur l'Action Climatique
Page Culture Nature