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Communiqué - 06.03.2003
Guerre en Irak –Mémoire et Patrimoine du Monde en danger
ICOMOS demande à tous les gouvernements et toutes les organisations internationales de
préserver le patrimoine culturel des générations à venir de la dévastation de la guerre.
L'Assemblée Générale des Nations Unies déclara unanimement l'année 2002, l'Année des Nations Unies pour le Patrimoine Culturel. Cet acte conscient de toutes les nations pour promouvoir la civilisation contre le barbarisme était en partie une réponse aux actes scandaleux de la destruction volontaire par les Talibans des statues géantes des Bouddha de Bamiyan en Afghanistan.
En tant qu'organisation internationale non-gouvernementale de professionnels de plus de 120 pays de cultures différentes, l'ICOMOS (Le Conseil International des Monuments et des Sites) souligne l'importance du respect pour le patrimoine mondial comme fondation essentielle de la paix et du progrès et exprime une inquiétude particulière sur le sort du patrimoine culturel en Irak et dans la région.
Un patrimoine culturel et des monuments d'une grande importance et vulnérabilité
L'Irak se trouve dans une zone où l'histoire remonte à des milliers d'années. Spécialistes et citoyens du monde entier reconnaissent cette région comme étant l'un des berceaux de la civilisation humaine. Une succession de cultures et de traditions ont donné à l'Irak et à sa région une richesse incroyable de monuments d'architecture civile ou religieuse, des œuvres d'art, des villes historiques, des paysages culturels ruraux ainsi que de nombreux sites archéologiques. Tous ceux-ci témoignent des réussites et des aspirations humaines réalisées en pierre, en terre, en bois et qui s'inscrivent dans le paysage en lui-même.
Pourtant, après des années de négligence et de pillage, nous avons peur que ce patrimoine irremplaçable ainsi que les professionnels dévoués à sa préservation soient également les victimes d'une guerre éventuelle.
Application des Conventions Internationales
L'ICOMOS demande à tous les gouvernements d'agir dans l'esprit et la lettre des conventions internationales tout comme la Convention du Patrimoine Mondial de 1972, ratifiée par 170 pays, et la Convention pour la Protection des Biens Culturels en cas de Conflit Armé (La Convention de La Haye) de 1954, maintenant ratifiée par 103 pays, et la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels de 1970 qui a été ratifiée par 97 pays. L'Irak a ratifié les trois conventions.
Née des cendres des destructions immenses de la deuxième Guerre Mondiale, la Convention de La Haye prescrit l'identification et la protection des monuments d'architecture, d'art ou d'histoire, religieux ou laïques ; les sites archéologiques, les ensembles de constructions qui, en tant que tels, présentent un intérêt historique ou artistique ; les œuvres d'art ; les manuscrits, livres et autres objets d'intérêt artistique, historique et archéologique ; ainsi que les collections scientifiques et les collections importantes de livres, d'archives ou de reproductions des biens définis ci-dessus et les musées, les archives, les bibliothèques et les quartiers historiques de villes. En insistant sur la nécessité d'une protection internationale, cela nous rappelle que les atteintes portées aux biens culturels, à quelque peuple qu'ils appartiennent, constituent des atteintes au patrimoine culturel de l'humanité entière, étant donné que chaque peuple apporte sa contribution à la culture mondiale.
L'ICOMOS appelle l'ensemble des autorités à promouvoir et appliquer ces principes et les mesures présentées et à protéger les lieux historiques de tous types. Nous appelons aussi à ce que ces lieux ne soient pas utilisés comme bouclier dans le contexte d'opérations militaires ou de n'importe quelles activités qui pourraient être s'apparentées à celles-ci.
Protection des Professionnels
L'ICOMOS aimerait aussi exprimer sa profonde inquiétude pour les vies et la liberté de nos collègues Irakiens, archéologues, architectes, historiens, et spécialistes qui consacrent leur existence et leur talent à ce riche patrimoine culturel et à sa préservation. Nous demandons à toutes les parties de reconnaître ces personnes, de les protéger en tant qu'humains et de leur laisser en tant que professionnels la possibilité de continuer à exercer leur travail de conservation aux profits des générations à venir, notamment en référence aux termes de la Convention de 1954. Ils devraient être autorisés à poursuivre leur rôle efficace au service du patrimoine culturel, qu'elles que soient les circonstances spécifiques qui se développent dans les semaines, les mois, et les années à venir, pour éviter la destruction, le délabrement et le pillage
Le patrimoine culturel de l'Irak, partie importante du patrimoine de l'humanité, a déjà souffert depuis plusieurs années. L'ICOMOS, organisation internationale de 7000 professionnels et un des partenaires fondateurs du Comité International du Bouclier Bleu avec l'organisation des musées, des archives et des bibliothèques, est prêt à apporter son soutien.
Source:
ICOMOS International Secretariat Gaia Jungeblodt, Director -
+ 33 (01) 45.67.67.70
Contacts:
- Dr. Michael Petzet, President + 49 (89) 21 14 260
- Dinu Bumbaru, Secretary General +1 (514) 581 3468
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