H@R! : Heritage at Risk / Patrimoine en Péril



LIBAN


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Suite à dix sept ans de guerre, à la réduction de l’effectif et du personnel rattaché à la Direction Générale des Antiquités, les fouilles archéologiques sur l’ensemble des sites du pays ont été interrompues et l’entretien n’est presque plus assuré. Il est à noter que de grands efforts sont actuellement fournis par les autorités mais demeurent toutefois insuffisants étant donné la précarité des moyens et l’immensité de la tache.

Première Urgence: déminage

Le Sud du Liban a été durant deux décennies une zone de conflits. Depuis l’installation de la paix et l’arrêt des combats, cette région a un besoin urgent d’être déminée. C’est un fait que plusieurs sites ont subi des bombardements et des destructions massives (Château de Beaufort), d’autres ont fait l’objet d’excavations sauvages et de pillages. Il n’en demeure pas moins que la majorité de ces sites a été transformée en champs de mines.

Risques concernants 2 des 5 sites libanais inscrits sur la liste du patrimoine mondial

  • Ouadi Qadisha ou vallée sainte et foret des Cèdres de Dieu (Horsh Arz el Rab)

Le développement du tourisme religieux non canalisé, l’aménagement de la route réalisée en dépit du plan de gestion prévu pour la vallée, permettant ainsi l’accès aux voitures, s’ajoutent au grand problème du déversement des eaux usées des villages situés sur le pourtour de la vallée. Une étude visant à résoudre ce problème a déjà été réalisée, cependant les fonds ne sont pas disponibles.

  • Tyr

Le développement urbain sauvage de la ville menace les sites archéologiques repérés durant les prospections mais non encore fouillés. Par ailleurs, le déversement des égouts sur les vestiges sous-marins favorise leur dégradation.

Risques relatifs à l’ensemble des sites archéologiques du patrimoine national

Plusieurs risques affectent le patrimoine libanais, notamment :

*L’ignorance de l’existence des sites

Faute de prospection, des centaines de sites archéologiques, toutes périodes confondues, ne figurent pas sur les listes dressées par la Direction Générale des Antiquités (fouilles clandestines, mettant en danger ce patrimoine méconnu). Un inventaire exhaustif des monuments historiques et archéologiques du pays est urgent.

*L’ignorance de la valeur du patrimoine : l’ abandon des sites et pillage massif

Le manque d’information d’une part et la non-valorisation du patrimoine d’autre part tant au niveau éducatif que social s’illustrent par le peu d’intérêt que porte le citoyen à son héritage. Dans la mentalité courante du pays, seul un monument grandiose est considéré patrimoine et tout produit de fouilles est à valeur marchande. Le manque de sensibilisation a en fait dangereusement dégénéré en abandon des sites d’une part, et en fouilles clandestines, pillages et trafics illicites d’autre part.

Les régions les plus démunies sont les plus affectées, à titre d’exemple le Akkar, (les châteaux Croises de Kleiat et du Vieux Akkar, et les villes mortes de Wadi Khaled), la Bekaa (des centaines de tells archéologiques non fouillés) ; il en est de même pour tout le Sud du Liban.

* Une législation inadéquate

La législation actuelle du pays remonte à 1933 et, aucune modification n’a eu lieu depuis, plusieurs projets de modifications n’ont pas abouti.

La mise à jour de cette législation est une urgence afin qu’elle soit adaptée au développement urbain, et aux conditions socio-économiques actuelles.

* Plan global de l’aménagement du territoire

Durant la guerre, une croissance urbaine désordonnée et non contrôlée a eu lieu dans les centre villes historiques et sur l’ensemble du pays. Les plans d’aménagement qui ont suivi sont élaborés en négligeant les secteurs patrimoniaux à sauvegarder. La spéculation foncière exacerbant le taux d’exploitation a fini par défigurer le paysage urbain et péri-urbain, d’où une nécessité urgente de reconsidérer les plans des principales villes du Liban.

Tripoli: Hammam, khans et medrassas et l’ensemble du tissu urbain médiéval subissent au quotidien deux dégradations. L’une causée par l’abandon du monument, comme Khan el Massryin et Hammam Iz el Dine…, et l’autre causée par une restauration critiquable ne respectant pas l’authenticité des lieux, comme celle du souk des Bijoutiers.

Beyrouth: le centre-ville de la capitale a perdu la majeure partie de son patrimoine architectural. Quant aux vestiges archéologiques découverts durant les fouilles des dernières années sont laisses à l’abandon. Les herbes folles recouvrent les lieux et le risque de dégradation est imminent d’où l’urgence d’opérations de consolidation. L’espace péri-central (seul espoir de secteurs sauvegardés) a perdu par décret et contre-décret une importante partie de ces édifices patrimoniaux. Les responsables de la Direction Générale des Antiquités sont conscients de l’envergure de ces questions, ont dressé un programme pour y remédier. Il est primordial d’assurer tous les soutiens afin d’appuyer de faire aboutir ces plans.

Saida et Batroun ainsi que les principales villes à caractère patrimonial ont besoin d’un plan d’aménagement de leurs anciens quartiers respectant leur particularité (sans négliger les murailles maritimes de Batroun et la ville intra-muros de Saida).

* La surexploitation des sites à usage touristique

Les sites archéologiques ouverts au public connaissent une fréquentation de plus en plus importante surtout au cours de l’été et notamment durant les festivals. L’absence d’un plan de circulation permet aux touristes de se déplacer à travers tout le site sans restriction. L’urgence consiste à prendre des mesures rapides pour l’organisation des visites en assurant le cheminement des touristes permettant la mise en valeur du patrimoine tout en protégeant les espaces les plus menacées.


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