Document de réflexion de l'ICOMOS " Évaluations de propositions d’inscription au Patrimoine Mondial concernant les sites associés aux mémoires de conflits récents "
L’ICOMOS a le plaisir de vous présenter le document de réflexion " Évaluations de propositions d’inscription au Patrimoine Mondial concernant les sites associés aux mémoires de conflits récents "
En réponse aux questionnements selon lesquels, dans un avenir proche, un certain nombre de propositions d’inscription au patrimoine mondial pourraient être soumises concernant des sites associés aux mémoires de conflits relativement récents, et en l’absence de paramètres clairs sur la manière dont de tels sites se rapportent à la Convention du patrimoine mondial, le Centre du patrimoine mondial a constitué deux groupes de travail, l’un sur l’interprétation de sites de mémoire (non limités aux biens du patrimoine mondial) et l’autre sur l’application du critère (vi).
Ce document de réflexion complète les études engagées par les groupes de travail du Centre du patrimoine mondial sur l’interprétation de sites de mémoire (non limités aux biens du patrimoine mondial) et sur l’application du critère (vi). Il apporte le point de vue de l’ICOMOS sur l’évaluation de sites associés aux mémoires de conflits récents au regard de la Convention du patrimoine mondial. Il examine la manière dont le Comité du patrimoine mondial a considéré de tels sites dans le passé et les questions que ces sites ont soulevées par rapport à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) et à l’idée de communalité.
L’évaluation de sites associés aux mémoires de récents conflits pose des questions fondamentales quant à la portée et l’objectif de la Convention du patrimoine mondial et sur la manière dont la notion de communalité peut être abordée. Il est difficile d’évaluer des mémoires qui continuent intrinsèquement d’évoluer ou qui sont partisanes dans un sens ou dans l’autre, ou encore qui peuvent être réappropriées avec des « vérités » rétrospectives. Ces sites peuvent faire apparaître des incohérences entre la VUE qui a été fixée au moment de l’inscription et les réalités dynamiques et politiques des processus d’après-conflit plus larges pour des sites associés à des conflits récents. Des difficultés surgissent également quand il s’agit de mener des analyses comparatives pour des sites associés à des conflits récents qui ont couvert de larges parties du globe et/ou desquels a résulté la mort de milliers voire de millions de personnes, et lorsqu’il s’agit d’établir des comparaisons valables de la tragédie et des pertes qui donnent cette dimension à de tels sites.
Le document conclut qu’il est souhaitable que le Comité du patrimoine mondial envisage de convoquer une réunion d’experts (ou une série de réunions) consacrée aux sites associés aux mémoires de conflits récents, afin de permettre de mener des réflexions, à la fois philosophiques et pratiques, sur la nature de la commémoration, la valeur des mémoires évolutives, l’interdépendance d’attributs matériels et immatériels en rapport avec les mémoires, la manière dont des comparaisons pertinentes de la tragédie et des pertes humaines pourraient être menées, ainsi que la question de la consultation des parties prenantes, comme précédent à l’élaboration d’orientations pour déterminer si et comment des sites associés aux mémoires de conflits récents pourraient se conformer à la portée et à l’objectif de la Convention du patrimoine mondial et, peut être, plus largement, pour comprendre si une inscription au patrimoine mondial qui fixe la valeur universelle exceptionnelle au moment de l’inscription est susceptible de ne pas s’accorder avec l’ensemble plus large et la dynamique en mutation des processus d’après conflit.