La lune reconnue par l'ICOMOS et le WMF dans le World Monuments Watch 2025
Le World Monuments Fund a annoncé son Watch 2025 : 25 sites sont listés cette année dans le programme biennal de plaidoyer basé sur les nominations, dont... la Lune ! La proposition d'inscription du satellite émane du Comité scientifique international du patrimoine aérospatial de l'ICOMOS, créé en 2023. À l'aube d'une nouvelle ère d'exploration spatiale, une collaboration internationale est nécessaire pour protéger les artefacts physiques des premiers alunissages.
Un grand pas pour l'humanité
À l'aube de l'ère spatiale, les vestiges physiques des premiers alunissages sont menacés, mettant en péril ces symboles durables de l'accomplissement collectif de l'humanité.
Le site d'alunissage, connu sous le nom de Tranquility Base, conserve quelque 106 artefacts liés à l'événement, notamment le module d'alunissage, des instruments scientifiques, des artefacts biologiques et des objets commémoratifs, ainsi que l'empreinte emblématique de la botte de Neil Armstrong. La base de Tranquility est l'un des 90 sites historiques d'alunissage et d'impact qui marquent la présence de l'humanité sur la surface de la Lune et témoignent de certains de nos exploits les plus extraordinaires en matière de courage et d'ingéniosité. Ces structures, objets et empreintes représentent des étapes scientifiques et techniques remarquables, émanant de millénaires d'études astronomiques, et constituent une source de connaissance scientifique en constante évolution. Ces sites d'alunissage marquent également des moments qui ont stimulé l'imagination collective et inspiré un sentiment d'émerveillement mondial et d'accomplissement partagé.
[...] Nous avons transporté nos artefacts et créé des sites sur la Lune en l'espace d'un clin d'œil d'un point de vue des archives archéologiques. Toutes les cultures, depuis la nuit des temps, ont des récits, des pratiques traditionnelles et des relations avec le ciel nocturne et la Lune en particulier. Le WMF cherche, comme le fait notre comité scientifique, à considérer la Lune comme appartenant à l'humanité et à plaider pour la préservation des sites significatifs dans un cadre international, inspiré par les efforts de préservation antérieurs réalisés dans le cadre du Traité sur l'Antarctique et de la Convention de La Haye de 1954, ainsi que d'autres traités et accords mondiaux. [...]
Professeure Beth O'Leary, Comité scientifique international de l'ICOMOS sur le patrimoine aérospatial
L'aube d'une nouvelle ère spatiale
En raison de l'absence de vent et d'eau, les sites d'alunissage ont été préservés dans des conditions relativement stables pendant des décennies, sans intervention aucune. Le récent regain d'intérêt pour l'activité humaine sur le satellite, y compris une industrie spatiale commerciale en plein essor, ouvre une nouvelle ère passionnante d'exploration spatiale tout en posant de nouveaux risques pour l'intégrité des sites d'alunissage historiques. Les visites organisées dans un but d'exploitation, le prélèvement de souvenirs et le pillage par les futures missions et l'exploration lunaire privée pourraient finir par compromettre ce patrimoine culturel unique, en enlevant les artefacts et en effaçant à jamais les empreintes et les traces emblématiques de la surface de la Lune.
Préserver le patrimoine aérospatial
La collaboration internationale peut aider à protéger ce riche héritage pour la postérité. En 2023, un groupe interdisciplinaire d'archéologues, de gestionnaires du patrimoine, de scientifiques de l'aérospatiale et de chercheurs a formé le Comité scientifique international du patrimoine aérospatial (ICOMOS Aerospace Heritage), qui opère sous l'égide de l'ICOMOS, afin de promouvoir la préservation du patrimoine aérospatial matériel et immatériel de l'humanité. Alors que le traité des Nations unies sur l'espace extra-atmosphérique de 1967 a énoncé des principes pour l'exploration et l'utilisation pacifiques de la Lune, il n'existe actuellement aucun accord international spécifique concernant la protection du patrimoine lunaire. Guidé par des réussites telles que le système du traité de l'Antarctique, qui protège le patrimoine situé au-delà de la juridiction d'une nation ou d'un organisme intergouvernemental, ICOMOS Aerospace Heritage se distingue par ses efforts pour une reconnaissance accrue du patrimoine lunaire et cherche à établir des protections et des réglementations internationales du patrimoine pour les futures missions lunaires. Ces efforts invitent également à une conversation publique plus large sur la valeur de notre patrimoine lunaire commun, ainsi que sur l'impact potentiel des activités humaines dans l'espace - et ce que ce nouvel âge de l'espace pourrait signifier pour le paysage culturel et naturel de la Lune.
[...] Cette étape importante dans le développement spatial et conceptuel du patrimoine est le résultat d'un travail intellectuel et de plaidoyer qui dure depuis plus de vingt ans. Je tiens à souligner que nous y sommes parvenus en tant que groupe international de spécialistes du patrimoine bénévoles, et j'espère qu'un esprit international similaire prévaudra dans les discussions futures sur la documentation, la préservation et la gestion de notre patrimoine en orbite, sur d'autres corps célestes et dans l'espace lointain.
Dr Gai Jorayev, Président du Comité scientifique international de l'ICOMOS sur le patrimoine aérospatial
En inscrivant la Lune au World Monuments Watch 2025, le World Monuments Fund cherche à sensibiliser le public à ces sites historiques remarquables et à l'importance de la Lune pour les cultures du monde entier. La promotion d'un cadre international fondé sur le respect mutuel et la protection du patrimoine lunaire peut contribuer à garantir que toute visite future de la Lune ne porte atteinte à aucun de ses aspects significatifs.
Crédits photo: L'astronaute Edwin Aldrin marche sur la surface lunaire près de la jambe du module lunaire / NASA
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Création du comité scientifique sur le patrimoine aérospatial